| Date de parution | 2 septembre 2020 |
| Client·e | Éditions Trécarré |
| Description | Un essai percutant qui sensibilise à la grossophobie et appelle à une meilleure acceptation de la diversité des corps sans glorifier ni stigmatiser aucune silhouette. |
| Lien | Site des Éditions Trécarré Extrait complet sur le site des Libraires |
Quand j’écoute les histoires d’horreur d’agression et de harcèlement vécues par certaines femmes non grosses autour de moi, je me dis que mon gras est presque une forme d’armure, dans le fond…
Je ne suis jamais autant harcelée qu’elles, que ce soit dans la rue, dans les bars ou ailleurs. J’ai assez rarement peur de marcher dans mon quartier la nuit, du moins en comparaison avec plusieurs de mes consœurs. Ma taille ferait-elle de moi une victime moins intéressante, parce que plus imposante à attaquer ? Ou simplement parce que considérée comme moins « belle » ?
Mais ça me fait me questionner sur autre chose : une femme grosse – ou un homme gros – qui se ferait attaquer, agresser, violer… serait-elle prise moins au sérieux parce que « voyons, qui voudrait violer ÇA » ?
Cela dit, je suis harcelée autrement. Par des publicités, des médias et des gens qui sont convaincus que ma rédemption passe par une perte de poids radicale. Peu importe la méthode ou les conséquences. Ma validité, ma pertinence, ma quête de respect devrait, aux yeux de plusieurs, passer par mon aspiration à la minceur à tout prix.
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On impose souvent ce « devoir de pédagogie » aux personnes militantes ou mieux renseignées que la moyenne de la population sur certains enjeux. D’un côté, on ne peut blâmer les gens de vouloir comprendre. Du moins quand ils sont de bonne foi. De l’autre, une personne informée, particulièrement lorsqu’elle s’est éduquée par elle-même sur un sujet quelconque, a tout à fait raison de ne pas avoir envie de jouer à la pédagogue de service.
Les positions des deux clans sont légitimes. S’il existe des personnes qui ont une authentique volonté de savoir, il y en a aussi qui ont le droit de se sentir à bout de devoir constamment expliquer et s’expliquer. Et si le Web et les outils de recherche peuvent être de formidables moyens pour s’instruire, il faut se rappeler qu’à ce jour beaucoup de cette information est en anglais ou peut se révéler très technique. Pour différentes raisons, même les meilleures ressources en ligne ne sont pas nécessairement à la portée de toutes et de tous.
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En fait, j’ai écrit ce livre pour qu’on puisse arrêter de dire: «Ah ben! Je ne savais pas…» Vous voyez bien que j’ai encore un petit côté baveux…